Jack Williams
Comme ils allaient dîner au Ma Smith’s Cafe, ils virent Jack Williams, le marshal de la ville, sortir de son saloon pour aller faire un petit tour. Quand il aperçut Magic Child, qui lui plaisait beaucoup, et les deux étrangers qui l’accompagnaient, il leur souhaita le bonsoir et s’approcha d’eux.
— Bon sang ! Magic Child ! s’exclama-t-il en la serrant dans ses bras.
Il comprit tout de suite que les deux hommes ne gagnaient pas leurs vies en travaillant et il nota que rien dans leur aspect ne risquait de les faire remarquer. Ils se ressemblaient assez, malgré des traits et des silhouettes différentes. C’était leur façon de se tenir qu’on ne pouvait oublier.
L’un d’eux était plus grand que l’autre, mais dès qu’on leur avait tourné le dos, on ne s’en souvenait plus.
Jack Williams avait déjà vu des hommes pareils. Instinctivement, et sans avoir besoin de réfléchir, il savait qu’ils pourraient attirer des ennuis. L’un d’eux portait une longue valise étroite sur l’épaule. Et il portait cette valise avec une telle facilité qu’elle semblait faire partie de son épaule.
Jack Williams était une armoire : il mesurait plus de six pieds de haut et pesait facilement deux cents livres. Sa force était légendaire dans cette partie de l’Oregon de l’est. Les hommes de mauvaises intentions évitaient généralement Billy.
Jack Williams portait un gros. 38 nickelé dans un étui accroché à l’épaule. Il détestait les ceintures cartouchières. Il disait en plaisantant qu’il n’aimait pas avoir toute cette ferraille si près de sa bite.
Il avait quarante et un ans et il était en excellente santé.
— Bon sang ! Magic Child ! s’exclama-t-il en la serrant dans ses bras.
— Jack ! dit-elle. Mon grand !
— Tu m’as beaucoup manqué, Magic Child, dit-il. Magic Child et lui avaient baisé ensemble plusieurs fois, et il admirait son corps mince et vif.
Il l’aimait beaucoup, mais parfois sa ressemblance étonnante avec Miss Hawkline l’intimidait et le mettait mal à l’aise. Elles se ressemblaient comme des sœurs jumelles. Tout le monde en ville l’avait remarqué, mais de toute manière personne ne pouvant rien y changer, il fallait s’en contenter.
— Ce sont mes amis, dit-elle, en faisant les présentations. Voici Greer et Cameron. Je vous présente Jack Williams. Il est le marshal municipal.
La chaleur des retrouvailles entre Magic Child et Jack Williams arracha à Greer et Cameron un léger sourire.
— Salut, dit Jack Williams en leur serrant la main. Et que venez-vous faire par ici, les gars ?
— Laisse, dit Magic Child, ce sont des amis.
— Désolé, dit Jack en riant. Désolé, les gars. Je possède un saloon ici. Venez quand vous voudrez, ce sera ma tournée.
Il avait le sens de la justice et les gens le respectaient pour cela.
Il plut immédiatement à Greer et Cameron.
Ils appréciaient les gens de forte personnalité. Ils n’aimaient pas tuer des gens comme Jack Williams. Ils en ressentaient parfois des remords, et Greer disait : « Au fond, je l’aimais bien », et Cameron répondait : « Ouais, c’était un type bien. » Puis ils n’en parlaient plus.
A cet instant, des coups de feu retentirent dans les collines au-dessus de Billy. Jack Williams n’y prêta aucune attention.
— 5,6, dit Cameron.
— Quoi ? demanda Jack Williams.
— Il compte les coups de feu, dit Greer.
— Oh, oui. OK, dit Jack Williams. Ils sont sans doute en train de s’entretuer ou d’abattre leurs bêtes. Franchement, je m’en fous. Pardon, Magic Child, pardon. Je parle comme un charretier.
— Pourquoi tire-t-on ? demanda Greer, en faisant un signe de tête en direction des collines dominant Billy et qui déjà se perdaient dans le crépuscule.
— Allons les gars, vous devez bien le savoir, dit Jack Williams.
Greer et Cameron eurent de nouveau un léger sourire.
— Je me moque bien de ce que ces éleveurs peuvent se faire. Ils peuvent s’entretuer s’ils sont assez bêtes pour cela, tant qu’ils ne viennent pas le faire dans les rues de Billy. Après tout, c’est l’affaire du sheriff de Brooks. Il ne doit pas bouger souvent son cul de sa chaise, sauf justement quand il en cherche un, de cul. Oh, mon Dieu, voilà que je recommence. Magic Child, vais-je jamais me corriger ?
Magic Child fit un petit sourire à Jack Williams.
— Je suis bien contente d’être rentrée. Elle posa gentiment sa main sur la sienne.
Cela émut beaucoup le marshal de Billy dont le nom était Jack Williams et qui avait la réputation d’un homme dur mais juste.
— Bon, il faut que je m’en aille, dit-il. Je suis content de t’avoir revue, Magic Child. Puis il se tourna vers Greer et Cameron et dit : et vous, les gars de Portland, j’espère que vous allez bien vous amuser, mais n’oubliez pas, là-haut, pas ici. En disant cela, il fit un geste en direction des collines.